Ce texte est la reprise d'un ancien "post" sur Facebook, en réaction à une proposition de Vincent Lindon : confronter les ministres aux réalités des métiers au service desquels ils sont supposés se mettre. Sans m'en rendre compte, en l'écrivant d'une traite ou presque, je faisais le point sur une des expériences les plus marquantes de ma vie, et lui donnais une place ou une légitimité en dehors du simple souvenir. On n'appelait pas encore "EHPAD" (on devait être en 1991) un "hôpital maison de retraite".
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C'est décidé, je ne regarderai pas les nouvelles sur Twitter au réveil, après la prise de température, mais consacrerai du temps à la beauté d'abord. Elle n'est pas donnée, il faut aller la trouver. Comme le seuil interdit a été franchi hier (escalader la fenêtre et aller voir sur le balcon), je décide d'instaurer ce moment d'ouverture sur le dehors comme un rituel matinal. Evidemment, pour que beauté advienne plus directement, il faut de la musique. Ça tombe bien, alors que je cherche quoi "mettre", les paroles d'un air de Purcell me reviennent en tête :
Music for a while
Shall all your cares beguile
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Au fil des ans, j'ai constaté que le couperet du décalage horaire (dans le sens ouest-est) tombe le plus souvent la troisième nuit : on se réveille d'un seul coup à deux ou trois heures du matin, sans plus pouvoir fermer l'oeil avant le petit jour ; après avoir tourné et retourné des heures, on retombe vers 5 ou 6h dans une torpeur terrible dont on il est très difficile de s'extirper, et dont on n'émerge, à demi-écrasé, qu'à midi ou plus. À moins qu'on se fasse violence : j'ai mis le réveil à 8h45 pour ne rater que de quarante-cinq minutes l'heure de la prise (obligatoire) de température. C'est un moyen de trouver une raison de me recaler.
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Une fois qu'on a passé le premier jour, il faut s'habituer (comme, à l'hôpital, au plafonnier criard quand l'infirmière vient vérifier la température - alors qu'on venait enfin de s'endormir) aux coups sur la porte, à la sonnette ou au téléphone installés exactement là où voudrait pouvoir s'en éloigner. "Le mal, c'est le rythme des autres", dit Henri Michaux dans Passages. Alors... on résiste comme on peut. Pour pas grand-chose, mais ça doit participer d'une tentative de conserver un ego.
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"Are you willing to pay?". Dans la messagerie qui va désormais me servir de seul lien direct avec le personnel de l'hôtel où je viens d'être enfermé pour une quarantaine de quinze jours, ce sont les mots par lesquels on répond à ma demande d'une théière et d'une serpillière.
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