Journal filmé jour 3 - petit bidon

Accélération des contraintes, réduction du journal à un montage à la sauvette, sans distance ni réflexion. Je suis allé récupérer "Le petit bidon" prêté à un collègue, il était encore sur son bureau.
Accélération des contraintes, réduction du journal à un montage à la sauvette, sans distance ni réflexion. Je suis allé récupérer "Le petit bidon" prêté à un collègue, il était encore sur son bureau.
Tenir journal, avec le machin qui a pris toute la place dans la poche. J'ai aussi tenu l'heure trente et plus de "workshop" en différé, et tenté d'écouter, de suivre.
Histoire de faire journal, partir de la contrainte : filmer/ monter. Comme ça vient. On réfléchira plus tard. Au plus court possible.
Jour 2 : c'est le début du week-end, c'est la lumière hivernale d'Asie, et je me retrouve avec un mini-trépied, imitation de "Gorillapod", à faire des plans de la "golden hour".
Le père Noël Yvan se remue, aussi lui remet-on une partie de nos âmes en main. Le voilà réceptacle de fort probables et diserts atermoiements, de tâtonnements, de mea culpa et autres captatio benevolentiae. Alors puisqu'on aimerait remiser lesdits quelque part, ce sera est ici, dans ce blog-notes.
On copie-colle icir, avec quelques censures mineures (familiarités), un message à lui envoyé par messagerie. Ça peut donner la température pour d'autres qui essaient de passer à montrer ce qu'ils filment. Il y a un rendez-vous hebdomadaire, pour l'instant le jeudi, et - à cause du décalage et de ma peur - je n'y suis pas. Alors c'est là, on ne sait jamais, ça peut servir.
Quelques notes prises à l'issue d'une retraite de dix jours de méditation "vipassana" – la deuxième de ma vie, fin octobre 2024. La première, l'année d'avant, m'avait appris qu'il se pouvait se passer quelque chose de puissant qui remettait profondément en question ma manière de penser et de ressentir.
J'avais été bouleversé, au quatrième jour, après d'innombrables turbulences, de sentir mon esprit annihiler la douleur qu'on observe en soi : une sorte de pinceau, d'anneau magique, de circulation de l'esprit dans le corps. Le fameux "banga".
Mais il fallait ENCORE apprendre à ne pas espérer cette libération à chaque méditation. Aussi, épuisé, j'avais simplement réussi à "tenir" les dix jours sans avoir le sentiment de réussir à "pratiquer", de circuler librement dans ce que la technique permet d'expérimenter. J'avais le sentiment d'être en face d'un truc du fond des âges, qui me demandait allégeance. Cette deuxième fois, la pratique a réussi à entrer dans le jeu. Et m'a permis aussi d'apprendre à lui résister : premier pas, peut-être, vers un apprentissage un peu plus profond.
On suit la méthode mise en place par S.N. Goenka, qui se veut laïque et ouverte à tous, et qui prétend être au plus proche d'une supposée pureté des enseignements d'un maître que certains prennent pour un dieu, Siddhartha Gautama. Goenka se présente en héritier d'une forme de pureté, via son propre maître birman, lui-même héritier d'un autre, etc. Il y a peut-être du story-telling là-dedans, et une sorte de rhétorique de l'indicible : "il faut le vivre pour comprendre". Mais Goenka est mort et ne peut plus nous parler. Il y a aussi une rhétoritque de l'efficacité : "fais-le, et tu verras, ça marche".
La structure est hiérarchisée comme dans un temple, supppose une terminologie, une acceptation du rituel et de la répétition, un appel à la constance... On a toujours le choix, toutefois. Il n'en reste pas moins des centres, une communauté de méditants, une technique éprouvée (c'est le moins qu'on puisse dire), la gratuité. Cette rigidité est tout à la fois ce qui a préservé la solidité d'un prodigué par une personne trépassée, et ce qui confine en même temps à sa muséification. Il y a des limites à connaître.
Une impression : pour profiter de cette vertueuse méthode, il faut savoir s'en émanciper. Ou alors, s'y livrer pour toute une vie, à la lettre. Ces notes sont livrées en l'état, relativement proches de l'expérience.
Dernière chose : j'ai trouvé, d'un seul coup, très très concrets certains textes de Michaux, dans Jours de silence. Je crois qu'il suivait plutôt la méthode zazen, mais je ne suis pas sûr. Il y a quelque chose de "terrien" dans vipassana. En tout cas, on se met d'un seul coup à comprendre un texte qui, pour moi, était une invitation et qui est devenu une sorte de description.
J'ai dans un carton en France une édition originale, chez Fata Morgana, je crois.
Perdu que je suis entre tropiques laborieuses, souvenirs d'enfance en France, pro/per-spectives en Europe... essayer de rejoindre le cinéma quotidien d'Yvan, c'est un trait-d(e ré)'union avec soi-même. Alors on bricole avec les moyens du bord.