Ça fait plusieurs jours que la tension monte, et les manifestations qui n'ont pas cessé depuis des mois finissent par des tirs de balles en caoutchouc, par des gaz lacrymogènes, des incendies. Hier soir, je suis passé d'un article à l'autre sur Twitter, et j'ai passé la nuit à rêver de poursuites, de mouvements de foule, de cris... À un moment donné, j'ai eu une sorte de vertige : je ne savais plus si j'étais en France ou ailleurs. Je ne savais plus du tout où j'étais. Tous ceux qui sont "dehors" disent la même chose : "tout est fermé, c'est mort"... À moins qu'ils soient au loin, en province, où il semble y avoir parfois quelques tolérances.
Lire la suite de Journal de quarantaine - Jour 6 : varier les déplaisirs
Tout le monde sait désormais dans l'hôtel que l'infirmière, venue me chercher pour le test PCR, a brutalement senti brûler son bas-ventre, et faisant fi du protocole, m'a enveloppé, la voix blanche, arrachant tout le plastique qui nous sépare, le transformant peu à peu en accessoire érotique "bondage", et que, sa main, moite et tremblante, a... On sait aussi que j'ai pris au collet le ou la livreuse et que...
Lire la suite de Journal de quarantaine - Jour 5 : trous, giclures et taches
C'est décidé, je ne regarderai pas les nouvelles sur Twitter au réveil, après la prise de température, mais consacrerai du temps à la beauté d'abord. Elle n'est pas donnée, il faut aller la trouver. Comme le seuil interdit a été franchi hier (escalader la fenêtre et aller voir sur le balcon), je décide d'instaurer ce moment d'ouverture sur le dehors comme un rituel matinal. Evidemment, pour que beauté advienne plus directement, il faut de la musique. Ça tombe bien, alors que je cherche quoi "mettre", les paroles d'un air de Purcell me reviennent en tête :
Music for a while
Shall all your cares beguile
Lire la suite de Journal de quarantaine - Jour 4 : beauté, mea culpa, metal, sueur, morve, une petite mousse et des petits coeurs
Au fil des ans, j'ai constaté que le couperet du décalage horaire (dans le sens ouest-est) tombe le plus souvent la troisième nuit : on se réveille d'un seul coup à deux ou trois heures du matin, sans plus pouvoir fermer l'oeil avant le petit jour ; après avoir tourné et retourné des heures, on retombe vers 5 ou 6h dans une torpeur terrible dont on il est très difficile de s'extirper, et dont on n'émerge, à demi-écrasé, qu'à midi ou plus. À moins qu'on se fasse violence : j'ai mis le réveil à 8h45 pour ne rater que de quarante-cinq minutes l'heure de la prise (obligatoire) de température. C'est un moyen de trouver une raison de me recaler.
Lire la suite de Journal de quarantaine - Jour 3 : les barrières et leur franchissement
Une fois qu'on a passé le premier jour, il faut s'habituer (comme, à l'hôpital, au plafonnier criard quand l'infirmière vient vérifier la température - alors qu'on venait enfin de s'endormir) aux coups sur la porte, à la sonnette ou au téléphone installés exactement là où voudrait pouvoir s'en éloigner. "Le mal, c'est le rythme des autres", dit Henri Michaux dans Passages. Alors... on résiste comme on peut. Pour pas grand-chose, mais ça doit participer d'une tentative de conserver un ego.
Lire la suite de Journal de quarantaine - Jour 2 : "Eh ben puisque c'est comme ça..."