C’est une tradition qu’on apprend en débarquant dans ce collège : ici tous les ans, les classes sont baptisées en fonction d’un thème donné, variable tous les ans, et cette année, au niveau 3e, c’est le nom d’un groupe (plus ou moins) en vogue. Soit. Quant à savoir si ça rend vraiment le collège plus désirable ou pas… Quoi qu’il en soit, les Wriggles et les Tryo, donc, sont deux classes de troisième, où on essaie quand même (malgré ce qu’est le collège, malgré les haut-parleurs qui appellent des noms « à la vie scolaire », malgré les couloirs et les cris) de faire écrire « avec de soi » — pendant qu’au-dessus, dans le couloir aérien, les avions strient le ciel matin, et soir, et s’en moquent bien.
Première séance : « Moi tout seul ».
Les programmes de troisième donnent l’occasion de se lancer en parlant de « l’expression de soi ». Pour commencer la séquence, on propose aux élèves une séance d’écriture créative, qui va permettre de donner plus de sens aux textes qu’on étudiera ensuite.
Le « problème » qu’on aborde en classe :
– Comprendre d’abord qu’il y a la cour du collège comme un théâtre, la classe où l’on joue son rôle, où l’on cherche à se donner l’air de quelqu’un d’important ou de fort… Ou bien il y a encore le blog, où l’on se présente sous son meilleur jour (celui qu’on croit nécessaire, qui ressemble à ce que les médias nous présentent des gens « célèbres » – et pas forcément glorieux)… D’autres résument cela sous l’appellation de « moi social » : c’est aussi la porte ouverte aux désillusions…
– Il y a l’autre « moi », le « moi tout seul », qui échappe au regard des camarades, des amis, des profs, des parents, et qui a sans doute plus de profondeur, plus de surprises que l’imitation des modèles : c’est de cela qu’on veut sans doute parler quand il est question d’écriture ou de littérature : moins les modèles (les réponses toutes faites) qu’un questionnement sur le rapport qu’on entretient avec les autres et le monde.
Concrètement, la proposition d’écriture, inspirée de François Bon, relayée par Léa toto :
– Plier une feuille A3 en trois comme une serviette, et de nouveau en trois : on obtient une feuille dépliable, comportant en tout 18 cases (recto + verso).
– chaque « case » représente un espace, un lieu où je suis seul avec moi-même ; cela peut-être, justement, en public…
– Dans chacune des phrases, développer ou non une phrase commençant par « moi tout seul ».
Exemples de textes obtenus, saisis ensuite en salle informatique, grossièrement corrigés, puis mis en page :
On regrette juste : un texte d’appui qui lancerait, relancerait.
Là-dessus on les fait relire leurs textes, choisir quelques extraits, et on enregistre, en mélangeant avec des sons du collège. C’est en ligne sur le site de l’école ou bien sur le « miroir » : ici.