« Indolence » dans le guide

Une liste de lieux consignés dans un guide vendu sous des néons, à des milliers de kilomètres, en traduction.

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Ici et là, à certaines heures, des silhouettes, souvent par paires, marquées par une sorte d’avidité : observation de la carte, anticipation d’une potentielle arnaque, présence à la fois méfiante et soucieuse de se fondre — quête d’une nourriture sûre et d’un lit propre, mêlée à l’envie d’un changement qui serait profond, qui n’aurait demandé que d’avoir fait les kilomètres et l’effort de se montrer curieux de temps en temps.
Chaque parcelle non signalée sur les cartes : « local ».

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Il y a un pont, un film célèbre qu’on n’a pas revu, des morts, et comme pour le tsunami, une histoire où les ancêtres d’un pays croisent ceux d’autres. On manque toujours de ponts, et pour traverser la rivière, il y a un passeur. Les 5 bahts sont prévus dans le budget quotidien de tous ceux qui doivent être à l’heure. Toujours une moto qui mène quelqu’un quelque part. Dans le guide, le mot « d’indolence ».

Sous un arbre

Ça commence par le ciel

Ça pourrait n’être encore qu’un ciel, comme partout ailleurs il y a nuages et bleu (et le même jour sur terre, combien de vaines photos du couchant ?) ; on postule que la photo ne vaut que par l’ostentation de ce qu’elle rate : l’image d’après qu’on n’aura pas prise, l’écart entre toutes celles qui auraient pu être faites et dont la moyenne elle-même, par pixellisation et balance des blancs, serait invariablement infidèle.

Chiang-Mai --> Bangkok » align= »center » /></p>
<p>Du bout à l’autre d’un tunnel la moiteur et l’obscurité ont déjà épaissi l’air. Si rapide à monter plutôt que descendre, la nuit, ici, ensevelit et prend voix, repoussant vers le ciel les lumières des étés à 47° de latitude nord – là où le corps lui-même s’étonne une fois l’an, pendant la semaine de décalage horaire, qu’il puisse encore faire jour à 22h ; c’est d’un train qui mettra 14h à rejoindre la capitale qu’on se fait la remarque, et c’est en octobre, à l’époque où là-bas, au-dessus des cimetières où il y a(ura) mon nom, les nuages sont en train de tout prendre.</p>
<p><a href=Sons du crépuscule