L’Antigone d’Anouilh est souvent bien reçue en collège : « facile » à lire, elle permet de parler de tragédie (préparation au programme de Seconde…), de revenir sur certains mythes-clés, d’initier une réflexion sur les valeurs familiales faces à celles de l’Etat, de comprendre en quoi une adaptation de mythe antique en contexte est porteuse de sens, etc.
Quelques pistes de travail, résultat de bidouillages divers en classe, en collège, mais aussi quelques restes de 1e (« les réécritures ») : dans le désordre, faire le tri…
Une idée de séquence
Présentation sous forme d’arbre (à l’aide du logiciel Freemind) :
Pour amener le thème ou le débat
Avant la lecture, on peut essayer de susciter un débat mettant en jeu un conflit entre certaines valeurs individuelles et la loi. En creux, me semble-t-il, un conflit entre deux sortes de valeurs : valeurs pragmatiques de Créon (zigouiller quelques gardes pour assurer l’ordre dans la cité) VS les valeurs « éthiques » d’Antigone (responsabilité, respect d’autrui, justice, etc.) : choisir son camp…
Autre approche, plus directe, compatible avec la précédente : on raconte, on revient sur Oedipe, mais aussi Laïos… Pas gênant, à mon avis, de remonter à Cadmos, à la fondation de Thèbes etc. Je propose un petit parcours visuel dans différentes représentations associées aux Labdacides, avec quelques commentaires. Nombreuses sources sur le site de la Réunion des Musées Nationaux. Exemple de ce à quoi ça ressemble via un album « Facebook » (plus ou moins chronologique, sans les légendes ni les datations… voir sur le site en question) pour se faire une idée :
cliquer ici.
Vous me lirez ça pour le…
Découverte de la pièce, délais de rigueur, et QCM pour s’assurer que la pièce a été lue… (eh oui, on n’est plus aussi naïf qu’avant…) :
Version html (fichier « interactif » Hot Potatoes) :
Version papier :
Quelques rappels sur le texte de théâtre…
Rappels sur ce qu’on y trouve, et sur les différents éléments à savoir nommer (qu’est-ce, au juste, qu’une didascalie, une réplique, une tirade, une didascalie interne, etc.)… Là-dessus j’ai quelques ressources en ligne sur le dialogue. Essayer surtout de faire comprendre que derrière chaque mot il y a de la mise en scène, et non pas dans les « didascalies » qui ont un peu trop bon dos…
La structure de la pièce
On constate facilement que le texte d’Anouilh n’est pas explicitement structuré comme une pièce classique : on travaille donc sur ce découpage à partir d’un comparatif entre la pièce de Sophocle. Un résumé ici :
En classe on a lu ce résumé, et vu que l’accent était mis sur Créon. À partir de là on peut plus facilement demander une petite enquête sur l’adaptation faite par Anouilh : pourquoi cette insistance sur Antigone. Qu’est-ce que c’est, cette histoire d’affiches rouges ? (voir infra)
Appui immédiat et facilement repérable : les entrées et sorties des personnages. Regroupements sur proposition des élèves : quelques variations, mais on revient à un découpage de l’action en plusieurs intrigues. Recherche de titres adaptés à chaque acte : on vote plusieurs propositions en fonction de leur pertinence… Plus facile par ce biais de faire comprendre que la notion d’acte a du sens, que ce n’est pas uniquement un découpage préétabli.
On peut aussi remarquer que la tragédie antique a une structure très particulière, qu’elle intègre un choeur, des chants etc., et que ces éléments sont « en creux » dans la tragédie « moderne » : présence du prologue, le parodos étant plus ou moins remplacé chez Anouilh par un « choeur » d’acteurs déjà sur scène au moment où parle le prologue… On peut à cette occasion faire écouter quelques extraits de reconstitution de ces musiques antiques, et/ou des adaptations modernes (trouvé par exemple un travail intéressant de Peter Hall, en anglais), visible ici.
On a fait quelques remarques à ce propos sur l’écarquillement : les yeux des masques s’ouvrent sur quoi ? Quel est le rôle du théâtre ? Nous divertir, vraiment ? Digressions dionysiaques, contre Apollon…
Recherches documentaires
Une petite recherche documentaire sur les circonstances de création de la pièce, en 300 mots (parce qu’on n’échappe pas au copier-coller, donc faire avec : vous citez votre source et mettez « d’après », mais devez réécrire le texte, le résumer : façon de faire en sorte qu’au moins, on ait lu ce qu’on copie-colle, et qu’on y réfléchisse). A mettre en lien avec la réécriture opérée par Anouilh : Créon passe du premier au second plan.
Une approche du tragique
Etude de l’ironie théâtrale : ce que nous, spectateurs, savons déjà quand Antigone déboule au petit matin… Reprise d’un passage : la nourrice surprenant Antigone qui rentre tout juste… On oriente le questionnement vers la question du tragique : on a peur pour Antigone, on a pitié de la nourrice….
Le tragique, qu’est-ce que c’est ? Autodéfinition… Une interro sur les subordonnées, dans le passage où le choeur nous fait la leçon, une fois qu’Antigone a avoué, pour se le rappeler… ou l’apprendre :
Oral : un jeu de rôles où l’on doit juger Antigone
Document distribué aux élèves, avec les règles de fonctionnement qu’on met en place pour le procès, son déroulement etc. :
Ça commence par un sujet de rédaction : vous avez les pleins pouvoirs, et vous arrêtez le temps au moment où Antigone vient de quitter Créon, encadrée par les gardes. Vous décidez de faire un jugement…
On définit des critères (1. codes de la lettre, 2. explication claire de la situation = résumé complet et clair de cet épisode du cycle thébain, 3. argumentation = formulation claire de la demande + prise en compte des réticences éventuelles du destinataire, 4. soin apporté à la langue), bonne révision d’exercice de type brevet, où il faut à la fois raconter et expliciter la situation (la situation à Thèbes) et rédiger une lettre avec en prime une petite argumentation… Proposition de corrigé après lecture de moult copies (j’ai choisi de faire parler Tirésias) :
Ensuite, la répartition des rôles obligera à relire la confrontation entre Antigone et Créon, pour trouver des idées (donc analyser le conflit en jeu) et se poser à chaque fois la question de savoir ce qu’en tirera un avocat général ou un avocat de la défense… Une aide sous forme de découpage des étapes de cette confrontation :
Quelques précisions au passage sur ce qu’est un jugement en assises (voir manuel d’éducation civique 4e, des schémas très clairs…).
Autres moments intéressants, qui poussent à la réflexion : faire écrire la loi que la classe se donne, celle que rappellera l’avocat général au début du procès. On réfléchit d’une part au système de sanctions qu’on souhaite mettre en place contre la subversion ou la tyrannie : peine, punition, réparation ? On réfléchit aux valeurs que la classe se donne virtuellement (vous critiquez la charia ? Pourtant, vous venez de la mettre en place en votant ou en ne votant pas…). Passage à l’écrit : rédiger une loi, pas si simple…
Un peu de rhétorique politique
Plutôt pour des lycéens…
Quelques pistes pour l’analyse du discours de Créon, s’efforçant de persuader Antigone qu’il fait bien, lui, de ne pas penser (échos avec l’actualité…) et d’agir, en homme en vrai :