Celui qui du bras quémandait passage

Rédigé par Thibaud Saintin 3 commentaires
Classé dans : Avec appareil photo Mots clés : aucun

Exhumation n°2

Encore bien avant celle d'hier, celle-ci doit dater de mai 2012. C'est pris depuis le métro aérien : un arrêt à chaque station, pour voir — et puis un retour à la même station pour qu'au bout du compte ça ne coûte que le minimum des 15 THB. À la station Ploen Chit, l'avantage, c'est qu'on a vue de la passerelle sur le passage piéton sans avoir besoin d'autre chose qu'un 50 mm.

Celui qui du bras quémandait passage

Je découvrais les réglages, le raw etc. Et surtout le cadrage : j'essayais de prendre la façon dont les phares se perdaient dans l'ombre, et je cadrais sur le noir, je comptais aussi sur la qualité du capteur — quand ce type a surgi juste avant que les motorisés se précipitent. Coup de chance, j'avais les bons réglages.

Cette photo là a servi de point de repère : en fait ça m'apprenait qu'on n'arrive à la photo qu'on voudrait seulement après avoir cherché, après une sorte d'échauffement — et que celle qu'on voulait, c'était justement la surprise qui vient au milieu de ces réglages-là : la réalité qui prend le pas sur le désir, et qui rappelle que la photo ça doit rester modeste.

Mais l'image qui reste résume pour moi très très vivement la violence absolue qu'il y a en permanence en Thaïlande, et qui me fait ironiser sur ceux qui, de passage, trouvent que "les gens sont cool ici". Non : le type à grosse bagnole estime avoir tous les droits, et s'il a de l'argent, il peut, s'il le veut, renverser le mec qui traverse, parce qu'il en a le droit.

Ainsi le geste de lever le bras, comme une sorte de supplique, fait partie du quotidien des piétons. Une sorte de rappel qu'il doit rester un tout petit peu d'humanité dans ce grand terrain de domination et de terreur qu'est la route.

Ici faudrait que je rajoute quelques liens sur le taux de mortalité sur la route en Thaïlande, et quelques autres liens sur les petits fils-à-papa qui ont assassiné, bourrés, des gens en grosse voiture, et n'ont jamais été inquiétés plus loin que leur porte-monnaie. Quelque chose aussi sur la culture de la honte plutôt que de la culpabilité.

On verra demain, j'envoie pour le moment.

3 commentaires

#1  - philippe a dit :

Salut Thibaud,

je cherchais de nouveau ton adresse, entre Landes le Gaulois et Beyrouth, je tombe sur cette photo extraordinaire de Thailande, et je me dis aussi que tu ferais des merveilles à Toulouse où traverser un rond point c'est jouer à croix ou pile comme dirait Villon. Je repensais ces jours ci à toi. Question rituelle, mais c'est celle qui importe le plus dans un premier temps : Comment vas-tu ?

Bises.
A bientôt j'espère.

Philippe

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#2  - CAROLE GUILLAUME a dit :

Bonjoir Thibaud, je lis avec intérêt et une pointe de désespoir le récit de cette **** quarantaine entre vous et nous.. bon courage. Bises. Carole Guillaume

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#3  - Thibaud a dit :

Super, merci pour le petit signe ! Je ne sais pas trop qui lit, et c'est un peu comme une bouteille à la mer. Ça fait plaisir d'avoir un retour. C'est au prix d'une paperasserie interminable qu'on a réussi à "rentrer". Et il a fallu repartir très tôt... On a même réussi à faire un saut pas loin de chez vous, mais en coup de vent... On va se rattraper, un jour (j'en ai bien peur... !). Bises hénaurmes à toute la smala.

Pssst, z'avez "Signal" ? Je me suis enlevé de Facebook, de Whatsapp, et Instagram connais pas...

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