Trajet...

Le vallon miniature dans lequel on s'engage, montagnes russes des chemins de campagnes,

descendre et remonter,

doubler le cycliste qui peine sur son vélo, et un instant s'apitoyer sur son sort, même pensée qui doit traverser l'esprit du fermier qui nous dépasse, dans son tracteur aux roues démesurées,

passer devant des maisons de vacances, occupées pendant l'été, si vides le reste de l'année, si désespérantes,

voir les arbres défiler sur les bas-côtés de la route, comme une cassette vidéo en "avance rapide",

sentir l'odeur des champs, de la terre mouillée et pas encore tout à fait sèche,

vaincre à la course un petit chien surgi de nulle part, reparti aussi vite,

se frayer un chemin parmi les poules et les canards qui encombrent le sentier, à proximité d'une vieille ferme, odeurs bovines et meuglements de vaches, aboiements de chiens de garde,

et puis la grande route, encombrée de voitures qui foncent à toute allure, pas un geste amical, un sourire, rien,

fini la tranquilité, les chemins où l'on est sûr de ne croiser que de vieilles connaissances,

vive le bruit, la ferraille, et les freins que l'on écrase avec grincements d'essieus, rugissements du moteur et jurons du conducteur, pour ne pas écraser la vieille dame ou les enfants insouciants qui traversent, en plein milieu de la chaussée, comme si elle leur appartenait encore,

l'air qui s'engouffre dans la voiture par la fenêtre à demi ouverte, avec un bruit de sifflement,

et la descente, la descente qui n'en finit pas, la descente aux Enfers...

mais c'est le Paradis qu'on trouve, le Paradis au goût de sel, aux senteurs océanes sous un soleil timide de juillet, le Paradis, mon Paradis : la Mer.

la Mer à l'horizon, puis la plage, les corps étalés sur la plage, les enfants qui se baignent,

la voiture qui se gare, Terminus, on est arrivés, tout le monde descend, fin du voyage, début de l'Aventure..

passage à la boîte aux lettres sur le chemin du retour, oubli des clés, ce sera pour la prochaine fois,

chênes centenaires bordant la route, branches basses qui fouettent le capot, glands qui tambourinent sur la carrosserie,

Senteurs d'été, senteurs de vacances...

Camille