J'ai été prof de lettres... par Jean Féron qui s'occupe, en plus de son jardin, de l'association Au pied de la lettre, et de la liste abolis bibelots. |
J'ai été prof de lettres. Je compatis. Je suis maintenant retraité et j'ai lu votre texte qui me rappelle bien des choses. J'étais "entré en pédagogie" avec Freinet. C'est dire si je croyais que l'école contribuerait à parfaire l'homme et à refaire le monde. J'ai eu l'occasion de travailler assez longtemps dans un établissement exceptionnel, le collège expérimental Guillaume Budé à Yerres, Essonne. J'y ai rencontré des êtres attachants, élèves et collègues. L'établissement était ouvert, l'emploi du temps éclaté. Nous nous autogérions, relativement. Nous avions même partiellement repensé la structure de classes pour faire des ateliers. Je crois bien que nous avons inventé le tutorat. Passionnant. Mais force est de constater que nous vivions dans un îlot. Actuellement tout est rentré dans l'ordre. Les portes qui ouvraient sur la Bibliothèque publique, le Centre sportif, le Conservatoire et la Maison pour tous ont été murées. Je ne suis pas loin de penser que l'institution scolaire ne demeure actuellement qu'à cause de sa fonction sociale de garderie. La société marchande dissout tout. Mais l'école est un os qu'elle ne sait pas bien ronger. Le malaise scolaire a au moins ceci d'intéressant : il exprime, de façon massive et non récupérable une certaine résistance au molosse. Enfin, j'aimerais le croire. J'aimerais croire aussi que travailler sur internet est motivant pour vous et pour vos élèves. Encore que ce média me semble bien souvent un degré supérieur de l'illusion. Les fenêtres de l'école n'ouvrent-elles pas parfois... sur des placards. Courage et... oxygène littéraire. |