Et pourtant, et pourtant
Tous les matins le rythme du car
Avec les freins qui grincent
Le bruit du moteur énorme que l'on n'entend pas à l'intérieur de l'engin
Le bruit de la porte qui se décompresse et nous laisse monter
Le sifflement comme si l'engin crachait une énorme bourrasque
L'air chaud
Le bruit des vitesses qui passent à tour de rôle
Les roues qui font accélérer l'engin
Le chauffeur qui ne veut pas nous entendre parler
Qui nous râle dessus pour ne plus nous entendre
Les vitres qui vibrent de vitesse et qui me font vibrer la tête quand elle s'allonge dessus
Le bruit éternel du car qui s'arrête et qui repart, après chaque feu rouge et feu vert
Le début de chaque jour de ma vie est ce trajet qui m'emmène chaque jour de ma vie où on m'apprend à vivre
Mon manteau qui ne me couvre pas assez quand on attend cet engin de malheur
Et ma pauvre pensée qui me dit que je ne dois pas penser
Qu'il ne faut pas monter dans ce car du noir qui me mange chaque matin et qui me recrache chaque soir
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