Tout sur ma chambre des Philippines

  *Ma chambre, de jour comme de nuit, est accueillante et gaie. Toute personne entrant à l'intérieur hume une odeur que moi même je ne saurais décrire. Sur les murs, des peintures sur soie, faites dans ma jeunesse, trônent dans leurs encadrés de couleurs. Ici et là des photos faisant référence au passé comme au présent, à la famille comme aux amis, aux souvenirs comme à mes expériences. J'aime m'entourer de vieux objets qui me rappellent les temps heureux où je ne pensais à rien, encore ignorante du monde dans lequel je vivais. Sur le lit, trois coussins font rappeler une ambiance "cosy" et sur la table de chevet, un réveil, un livre et une icône représentant la Vierge Marie. L'étagère est remplie de livres scolaires, d'albums photos, de dictionnaires de différentes langues, d'atlas, de jeux de société et de beaucoup d'autres babioles. Seul le dernier niveau est réservé aux vieilles peluches abîmées ou n'ayant jamais été utilisées, inséparables mais qui finiront comme les précédentes. Ce coin de ma chambre m'effraie et lorsque je suis bien au chaud dans mon lit  , je ne peux m'empêcher de me tourner vers lui avec nostalgie.

  *Après que les derniers rayons de lumière se soient envolés, et que la couleur de la nuit ait remplacé la couleur du jour, il me faut quelques minutes pour que mes pupilles arrivent à distinguer à nouveau mon univers. Les contours de mes meubles me rassurent et me permettent, à chaque retour de mauvais rêve, de me ré appuyer à la réalité. La lumière des lanternes extèrieures, passant entre le bord de la fenêtre et les stores, s'étale sur le plafond en formant des formes bizarres. Lorsque tout, autour de moi, me paraît familier dans l'obscurité, je suis partie pour une bonne nuit.

  *De ma chambre, on entend une foule de bruits variés . Tout d'abord à l'extèrieur, il y a l'avion qui passe au moins une fois par semaine avec son ronronnement continu et le bruit des palmes qui s'agitent sous l'action du vent. Dans notre petite rue, les voitures se font rares ce qui nous permet de bien dormir la nuit. Lorsque la pluie bat son train, je me sens bien dans ma chambre, à l'abri, avec pour seule musique le bruit sourd de l' averse sur le toit. A l'intérieur de la maison, lorsque je suis déjà couchée, et comme la pièce en dessous de ma chambre se trouve être la salle télé, j'entend souvent les bruits que crache la télévision. Cela signifie que quelqu'un est présent en dessous et cela me rassure, de même que le ronflement de la climatisation. On perçoit souvent les radios de mes sœurs qui ont mis leurs musiques à fond, les claquements de porte permanents, les hurlements tout au long de la journée et les aboiements du chien qui, à chaque mot que l'on prononce, croit qu'on lui crie "CHAT".

  *Par la plus grande fenêtre, on aperçoit la rue paisible et déserte. Il n'y a que vers la fin de l'après-midi, là où le soleil diminue d'intensité, qu'elle s'anime: des enfants jouent dehors, des bonnes promènent les chiens et lorsqu'elles se regroupent sur le bord d'un trottoir, on ne distingue plus qu'un brouhaha de voix . L'autre fenêtre donne sur la demeure de nos voisins. J'essaye de temps en temps d'apercevoir une décoration, un meuble dans la pièce en face mais les rideaux sont toujours tirés.

     *Aurélie*