Les textes viennent de Belfort, en Lycée Professionnel. Ils ont été écrits par des élèves de première année BEP, donc en âge d'avoir tout juste quitté le collège pour certains, un peu plus âgés sans doute pour d'autres ; je n'ai pas regardé les dossiers scolaires ni demandé de “traditionnelles fiches”. La classe est, pour le français, dédoublée en deux groupes de douze élèves, mais l'ordre(?) des textes ne respecte pas cette séparation. La séance, fin décembre, était copiée de la démarche proposée à Montbazon par Thibaud, à une différence près. Je suis cette année sur zone de remplacement, et je ne travaille au LP que depuis la Toussaint. La présentation de la démarche aux élèves a donc été moins progressive, et beaucoup moins détaillée que je ne l'aurais voulu. Le projet d'écriture a été proposé à partir du "Chant VI" d'Exil de Saint-John Perse, pour conclure une séquence plus conventionnelle(?) sur la poésie. Je pense tout de même avoir respecté l'esprit de la démarche : évidement ni obligation de résultat, ni notation, proposition de lecture, par soi-même, par un autre, par le prof, ou pas du tout ! Pour ce qui fut de briser les habitudes et les postures de travail scolaires, rien n'a été fait, malgré mes suggestions (peut-être aurais-je dû imposer ?). Ça viendra peut-être... Ou alors devrait-on penser que certains des élèves, qui avaient au collège (d'après les discussions que j'ai pu avoir avec leurs parents) beaucoup de difficultés aient eu besoin de garder (ou de reprendre) une attitude solaire pour donner une valeur à leur travail ? Dois-je donc bousculer des habitudes, qui semblent pour l'instant convenir, pour favoriser la création ? Au risque de briser l'équilibre qui semble s'être installé dans les classes ? On verra bien, puisque je vais continuer, sans doute de façon assez espacée, hélas ! puisque je n'ai l'occasion de voir chaque groupe qu'une fois par semaine. J'ai cependant déjà fait la même séance au cours de la première semaine de la rentrée, pour un autre groupe de BEP. L'expérience s'est révélée décevante mais non pas décourageante : à cause de nombreuses absences, l'atelier s'est vu réduit à quatre élèves, et les textes remis à deux exemplaires. Malgré mes chaleureux encouragements (mais respect du droit au silence avant tout) personne n'a voulu que sa production soit lue par quelqu'un d'autre que moi-même. Sans doute le petit nombre créa-t-il paradoxalement une promiscuité, une intimité trop grandes ? Sans remettre en cause la qualité des deux textes qui m'ont été donnés, tout cela m'a semblé quand même trop peu de matière à devoir être retranscrite ; la séance s'étant en plus déroulée dans une ambiance bien triste à force de quasi-solitude ! |