Matin tôt
Je pars
Je regarde l'arbre qui à chaque fois est immobile
On a l'impression qu'il dort
Dès qu'une voiture passe, ses feuilles se tirent
Comme si elles voulaient partir avec la voiture
Et ce lac immobile
Il est tôt
Je vois encore le soleil se lever
Et voir les premiers oiseaux sortir
Et cette rosée comme des milliers de diamants déposés sur un lit de verdure
Assis sur un banc
Les gens qui passent, la tête baissée
Foncent comme des fugitifs
Les petits vieux marchent lentement
Certains se bousculent sans se retourner
Au loin on ne voit que des ombres fugitives
Intrigantes
Ils ont peur
De quoi ?
De la vie qui défile derrière eux
Et en face la mort
La peur
L'affolement
Certains ont un sourire mais ce sont les seuls
Je suis assise seule
Je vois les gens qui passent
En les regardant on a l'impression qu'ils sont des pigeons
Qui obéissent au doigt et à l'oeil au système
Ils foncent sans rien voir
Le bruit des freins ou des moteurs qui ronronnent
L'eau qui tombe
Les voitures qui doublent
Les klaxons
Le car qui freine
Accélère
Tourne à droite
A gauche
Cette dame
Son parapluie s'envole
L'eau fait des clapotis contre la fenêtre
Le mur qui se décompose
Les bosses qui nous font bouger
Les enfants qui rigolent
Parlent
Dorment
Le chauffeur concentré
La peur
Morose
Intrigant
Qui et où va-t-il ?
La question ?
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