La crise commence où finit le langage

Quand on s’amuse à prendre le temps de répondre vraiment une sollicitation commerciale, en jouant l’idiot, pour voir jusqu’où ça ira… Finalement, de fil en aiguille, on finit par s’apercevoir que, quand même, les emails qu’on recevait l’année d’avant sont détournés par des gens pleins d’intentions qu’ils qualifient probablement de bonnes – pourvu qu’elles soient intéressées. C’est à ce monde là, et surtout à cette langue-là, qu’on voudrait résister, en chatouillant un peu, au risque de se craindre donquichottesque.

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Défouloir

Sentiment de solitude, dès mon enfance. Malgré la famille, et au milieu des camarades, surtout, – sentiment de destinée éternellement solitaire.

Cependant, goût très vif de la vie et du plaisir.

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Le Français est un animal de basse-cour si bien domestiqué qu’il n’ose franchir aucune palissade. Voir ses goûts en art et en littérature.

C’est un animal de race latine ; l’ordure ne lui déplaît pas, dans son domicile, et, en littérature, il est scatophage. Il raffole des excréments. Les littérateurs d’estaminet appellent cela le sel gaulois.

Bel exemple de la bassesse française, de la nation qui se prétend indépendante avant toutes les autres.

Charles Baudelaire, Mon coeur mis à nu

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Sponsored grève

Encore une surprise dans les liens « sponsorisés » de Google dans l’email : après les cadavres, les grèves de profs.

sponsored.jpgEn sortant d’une surveillance de brevet blanc où j’ai l’impression de jouer les moisis, je reçois un email syndical relatif à une grève prévue le 15 mai. Grâce aux « sponsored links », j’ai l’impression d’attirer les convoitises. Combien ont-ils respectivement payé pour le mot « grève », tous ceux-là ?

Dites… euh… pour « ambition » : combien vous offrez ?

Sponsored cadavres

Surprise du scannage automatisé des emails…

Au départ, une simple vérification pour vérifier que mon petit mot était bel et bien parti ; je voulais prendre quelques nouvelles d’anciens élèves restés au sud du Liban à préparer leur bac…

Combien ça coûte, chez Google, de faire en sorte que « ça » propose « cadavres » quand il y a « Habbouche » ou « Nabatieh » ? Ou alors c’est la faute à « bac » ?

Mémorandum de la peste

Lecture stimulante, comme résistance à la sanie de « l’actualité », ou plutôt comme remise en place. Début de la préface de Jean-Pierre Vincent : « Ce texte vous parle. Il ne disserte pas. C’est une intimité singulière qui s’essaie à vous chuchoter quelques messages lointains – et pourtant si étrangement familiers à vos pensées inquiètes. »

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Paroles d’enfants : ça continue à PREDA

En 2005, on emmenait des adolescents de 4e à Payatas, avec Virlanie et d’autres personnes impliquées. Peu après, le père Shay Cullen, de la fondation PREDA, venait leur présenter son travail dans les prisons et les bordels philippins. On était « dans le bain », quoique bien au frais à l’école Française. De retour en France, après un passage au Liban, on se dit souvent qu’on a l’impression d’avoir là-bas pris une claque dont on ne mesure qu’aujourd’hui l’ampleur, et appris à donner du poids au mot « dignité ».

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Nous autres savons

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Nous savons la vertu des concurrences

Nous savons la vertu des valeurs de gauche, la proclamons

Nous savons les laisser à leur place

Nous savons éviter tous les systèmes, nous disons le savoir et nous efforcer de penser, non pas « penser », « nous efforcer », parce que nous savons rester modestes, voyons

Nous avons des sourires amusés, presque complices, lorque nous nous saluons, un verre à la main, lorsque nous savons reconnaître, parce que nous savons ne pas oublier un visage et nous savons nous tenir

Nous savons nous réfréner, nous savons la valeur des choses, pour le bien de tous, ce bien que nous savons définir, sur lequel nous savons mettre les mots qu’il faut

Nous savons vite remettre à leur place ceux qui perdent le sens des réalités, avec tact, avec mesure

Nous la connaissons bien, la réalité ; nous l’arrangeons, nous avons des méthodes qui nous permettent de la cerner, de la circonscrire, de la soumettre raisonnablement

Nous savons nous-mêmes nous soumettre à ses besoins, il faut bien préserver les plaisirs de l’existence

Nous savons défendre nos prérogatives, mettre notre confort en premier, « charité bien ordonnée »… nous savons les proverbes qui tombent bien

Nous nous retrouvons pour admirer de l’art, nous savons parler d’une mise en scène, d’un danseur, d’un peintre, avec des mots mesurés, justes, décents, néanmoins sensibles

Nous faisons l’amour, et c’est toujours inoubliable

Nous fuyons plus que tout la vulgarité

Nous fuyons aussi les paroles inutiles, les parleurs qui ne savent pas parler

Nous parlons d’eux avec un amusement discret, sachant rester pudiques, respectueux

Nous connaissons les derniers concepts du temps, ceux auxquels une fréquentation raisonnée de la presse nous a habitués

Nous savons nous présenter, changer d’habit, repecter les convenances, et quand il le faut, nous déguiser

Nous avons voyagé, nous connaissons les grandes villes mondiales, les galeries qu’il faut connaître, les artistes qu’il faut connaître (nous les avons même rencontrés personnellement, ce sont des gens extraordinaires) , les endroits qu’il ne faut pas rater

En voyage nous savons ce qu’il faut voir, visiter, savons « en profiter »

Nous savons qu’il faut connaître Untel et Untel

Nous ne disons pas de gros mots

Nous savons nous organiser efficacement, faire nos preuves

Nous allons une fois par semaine ici, une fois par an là, nous le savons à l’avance, nous le disons en toute modestie